LE PARC NATIONAL : PROJET DES CEVENNES

Créé en septembre 1970 comme celui de Camargue, le Parc National des Cévennes est un fait récent; c'est dire que les réalisations concrètes n'y sont encore que peu nombreuses et surtout à l'état de projet. Cependant nous avons pensé qu'il pouvait être intéressant d'examiner dès à présent et avec quelques précisions les conditions de création de ce parc et les objectifs que l'on se propose d'atteindre afin de comprendre le rôle d'un Parc dans une région pauvre et considérée comme condamnée dans la spirale de la croissance économique. Cette étude nous permettra aussi de cerner l'originalité de ce parc national où les hommes sont certes peu nombreux mais où ils existent et où ils comptent puisqu'ils ont su infléchir les réglementations officielles et puisque leur maintien dans le paysage rural semble être une préoccupation au moins aussi importante que la protection de la nature.

Les raisons qui ont conduit l'Etat à intervenir sont ici très différentes de celles qui ont présidé à la création des précédents parcs nationaux. Il ne s'agissait pas de préserver un ilôt de nature insulaire épargné comme à Port-Cros dans le Var, ni de protéger de l'assaut des hommes les paysages et la nature de hautes montagnes comme en Vanoise ou dans les Pyrénées. Il s'agissait, en Cévennes, de sauver un pays et ses habitants; pays dont l'histoire est riche et douloureuse et où les paysages grandioses — pour l'instant condamnés à la dégradation, aux broussailles ou à des boisements artificiels parfois contestables — ne manquent pourtant pas. La collectivité, seule, pouvait prendre en charge financièrement le coût de la réalisation. La pauvreté extrême des collectivités locales empêchait la constitution d'un parc naturel régional dont la réglementation eut été plus souple et qui, en tant qu'émanation locale, aurait pu éviter les vives oppositions que le parc national sécréta. , Pourtant celui-ci est considérablement éloigné de la fonction attribuée aux parcs naturek par la Commission Internationale qui vise à réaliser « une protection générale contre toutes les atteintes à l'intégrité du territoire résultant de l'activité de l'homme ». Ici, on recherche la réalisation d'un équilibre harmonieux entre les mesures visant